Croisements culturels et regards sur l'autre
LES INDES GALANTES : Philippe Rameau (18 ème) siècle / Clément Cogitore et Bintou Dembélé (21ème siècle)
Exotisme et rêves de voyage
Au
XVIIIe siècle, le terme « Indes » a un sens différent de celui qu’on
lui prête aujourd’hui. Plus vague, il désigne à la fois l’Est de l’Asie
et les Amériques.
A
l’époque, les grandes aventures font rêver. Le lointain attire et
effraie tout à la fois. Les conquêtes coloniales alimentent nombre de
fantasmes. Littérature, musique, peinture… aucun art n’est épargné par la vague d’exotisme qui envahit l’Europe.
C’est
aussi grâce au commerce avec les « Indes », et de manière plus générale
avec l'étranger, que les Français découvrent de nouvelles denrées,
notamment le maïs et le café.
Œuvre‑phare du siècle des Lumières, Les Indes galantes s’apparente à un
éblouissant divertissement. Mais le premier opéra‑ballet de Rameau
témoigne également du regard ambigu que l’Européen pose sur l’Autre –
Turc, Inca, Persan, Sauvage… En 2017, le réalisateur Clément Cogitore
signe un film explosif et très remarqué, adaptant un extrait des Indes
galantes avec le concours de danseurs de Krump. Avec la chorégraphe
Bintou Dembélé, il s’empare cette fois de cette machine à enchanter dans
son intégralité pour le réinscrire dans un espace urbain et politique
dont il interroge les frontières.
Les Sauvages
La scène se déroule dans une forêt d’Amérique du nord. Adario, le
chef des guerriers indiens, s’apprête à conclure la paix avec les colons
français et espagnols. Deux officiers, le Français Damon et l’Espagnol
Don Alvar, courtisent une jeune indienne, Zima. Damon professe
l’inconstance, Don Alvar l’amour sérieux et exclusif. Mais Zima ne veut
ni d’un époux volage, ni d’un époux jaloux. Elle leur préfère Adario. La
Danse du grand calumet de la paix scelle l’union de Zima et d’Adario, en même temps que la réconciliation entre les « Sauvages » et les Européens.
Les Indes galantes